Ce sont eux qu’on retrouve aujourd’hui tout en bas de l’échelle de la start-up nation, payés au lance-pierre, sans salaire minimum, sans arrêt maladie en cas d’accident, sans congés payés, sans chômage, avec des outils de travail à leurs frais : un smartphone obligatoirement 4G qui vaut cher, un vélo souvent décrépit, avec des freins à moitié cassés, pas de casque, pas de lumière pour assurer leur sécurité la nuit.
À n’importe quel soir de la semaine, aux alentours de 20 heures. Comme dans toutes les grandes ou petites villes mondialisées, la scène se répète: des dizaines de livreurs, à vélo ou scooter, reconnaissables à leur sac isotherme carré floqué du logo de la plateforme pour laquelle ils roulent, patientent entre deux fast-foods, les yeux rivés sur leur téléphone. Jules Salé dénonce sans concession le cynisme des grandes entreprises autant que la complaisance de l’état. Plus qu’un témoignage, un réquisitoire générationnel contre la dérive « uberisante » de notre société.
Un récit incarné et décapant, irrigué par une réflexion sur la modernité, les dérives du confort, la facilité du tout, tout de suite, ici et pas cher. Mais à quel prix

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