NOTE D’INTENTION
par Métie Navajo

C’est une histoire en divers lieux qui se confondent, peuplée de quatre femmes, d’un gardien- président, et de quelques esprits qui font parler des peluches.
C’est l’histoire de trois sœurs qui viennent assister à la cérémonie officielle où sera décorée leur mère pour les services qu’elle rend à la République en enseignant les arts martiaux dans les banlieues. La mère a préparé son discours, mais au moment où la médaille doit être épinglée, les mots ne sortent pas : classique.
C’est l’histoire d’une petite fille en colère, la dernière des trois sœurs, Lilia, qui a été insultée dans la cour de récréation de l’école. Elle ne sait plus de quoi on l’a traitée. Elle sait qu’elle a honte et colère, et qu’elle s’est défendue.
C’est l’histoire d’une femme, Jeanne, qui a grandi en serrant sa ceinture de judo, et en rapportant des médailles à ses parents pour tenter de réparer leur dignité blessée.
C’est l’histoire d’un gardien du temps et de la mémoire posé aux portes d’un camp qui n’existe plus.
C’est l’histoire d’une mère, Jeanne, qui décide d’emmener pour la première fois ses trois filles sur le lieu du camp de harkis où elle allait en vacances quand elle était enfant.
C’est l’histoire d’une médaille qui circule dans le temps et dont plus personne ne veut, parce qu’elle ne répare pas les blessures.
C’est le voyage d’une valise pleine de doudous et vide de mémoire. Et toujours, c’est la dernière venue, celle qui n’a pas connu l’histoire des autres, qui la porte.
C’est une histoire parmi d’autres qu’ont enfanté la colonisation et la décolonisation. C’est une histoire française.

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